Le mot du curé

Durant le temps ordinaire de la liturgie, il n’est plus question de la lumière de la Nuit de Bethléem, et on n’entend plus les chants des fêtes. Il arrive souvent que la vie quotidienne devient fatigante et fastidieuse. Le temps qui passe – dans le sens large de ce mot – rappelle sa fugacité, p. ex. par l’existence de la veilleuse, par les départs des proches, des maladies et beaucoup d’autres choses. Mais…simultanément nous participons aux évènements qui nous donnent, quand même, l’occasion de vivre de petits bonheurs de la vie, de gouter la joie de la vie qui nous est offerte. Ceci a d’ailleurs été le cas de nouveaux mariés de Cana, entourés par leurs familles, par les amis et les voisins, au moment de leurs noces.

Nous avons médité dimanche dernier cette histoire. Elle est devenue, en plus, le canevas du miracle de la transformation de l’eau en vin, fait par Notre Seigneur à la demande de sa Mère. « Le signe de Dieu est l’abondance. Nous le voyons lors de la multiplication des pains, (…) Cette abondance, c’est sa « gloire ». L’abondance de Cana est par conséquent un signe indiquant que la fête de Dieu avec l’humanité, le don de lui-même aux hommes, a commencé. » (Benoit XVI – Jésus de Nazareth, v.1 – « Du Baptême dans le Jourdain à la Transfiguration ».

Nous sommes actuellement au quatrième dimanche du temps ordinaire dans la liturgie de l’Église. Après la période des festivités, nous continuons notre vie et nos occupations quotidiennes – du moins, nous essayons. Le texte de l’Évangile de dimanche dernier nous amène à Nazareth, à la maison de prière – à la synagogue, et avec les autres nous venons d’entendre les paroles de Jésus Christ : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre » (Lc 1. 21).

Auparavant, Il avait lu un des fragments du texte biblique, prévu comme texte de la semaine. La lecture continue avec le fragment du livre du prophète Isaïe :
« L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction, Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. » (Is 61.1)

Le mot qui m’interpelle dans l’évangile du IVème dimanche de l’année, c’est le mot « aujourd’hui », parce que ce mot veut dire « ici » et « maintenant », pas dans cinq minutes ou dans une heure, et ce « maintenant » signifie en grammaire le présent. C’est le verbe « être » en forme « est » qui qualifie, décrit l’existence du présent, du « maintenant ». Contrairement à la forme « était » qui qualifie le passé, ainsi que de la forme « sera » se référant au futur ou « serait » , lorsqu’on veut souligner la possibilité. En fait, réelle est seulement la dimension du présent.

Parce que ce qui existe maintenant, existe réellement. Le passé s’est déjà écoulé et le futur va arriver, même s’il vient dans quelques instants. “JE SUIS CELUI QUI SUIS”, déclare Dieu dans la Bible (Ex 3,14), en révélant son Nom à Moïse. Cette manière d’auto-présentation utilisée par Notre Dieu a permis à St Thomas d’Aquin de réfléchir sur le mystère de l’éternité (« Summa Theologiae », Ques. 10, art. 1-2). En Dieu n’existe que le « MAINTENANT », parce que Dieu est MAINTENANT ÉTERNEL – comme Tel qui tenait, qui tient et qui tiendra encore l’existence et la vie de l’univers, et par conséquent, la vie de nous tous – les humains de tous les temps.

St Paul, à son tour, nous dit que nous sommes les citoyens des Cieux. (Philippiens 3,20). Cela veut dire que nous avons en nous-mêmes le désir de dépasser notre dimension purement matérielle, corporelle, qui est d’ailleurs le format par lequel nous exprimons notre « être » humain individuel, composé du corps et de l’âme. Bonne expression qui peut nous aider à imaginer comment nous pouvons vivre cette unité de ces deux dimensions en soi, la voir comme la vérité sur l’homme et pas comme la condamnation de l’homme (le corps = la prison de l’âme – Platon) pourrait être l’expression : « Vivre avec la tête dans le Ciel et les pieds solidement posés sur terre ».

Chaque moment d’une prière ou d’une méditation est l’occasion d’être plongé dans ce « maintenant » divin, qui nous apporte plus de sens à notre existence humaine. Le meilleur moment reste à jamais la Messe-Eucharistie du Seigneur, durant laquelle nous sommes invités par Notre Seigneur Jésus Christ à passer, avec Lui, de la mort à la Vie et Lui permettre de toucher nos histoires personnelles marquées par le temps fuyant, à travers du « MAINTENANT » de Dieu.
Bonne semaine
Abbé Krzysztof Rajewicz

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